Une image, une histoire
Les photographes publiés ici ont reçu une mission simple et ardue à la fois.
Il ne s'agit pas de décrire l'image puisque chacun est libre d'y voir ce qu'il veut. Les auteurs doivent retracer les circonstances drôles ou périlleuses, il doivent raconter une anecdote croustillante ou légère ou relater un fait remarquable lié à cette photographie.
Isabelle ALT
« Des lieux et
des hommes »
Peu importe le lieu, le réel est ici théâtralisé. La mise en scène est symbolique. L’homme figé au bout du passage, debout dans l’ombre froide, chargée d’embuches et d’illusions, est aussi tout proche de la lumière intense, qui ne donne rien à voir. Va-t-il franchir le pas, au risque de perdre pied, ou rester pétrifié, prisonnier de son monde à jamais ? Du haut des marches, nous étions à la juste place, au bon moment.
Jean VALERA
« La tour Seegmuller »
Avant la destruction de l’intérieur de la tour Seegmuller,
une belle occasion s’est présentée pour y réaliser un shooting. Je pose un
congé et me rends au rendez-vous. Une fois arrivé sur place, j’ai vraiment
l’impression d’être surveillé par la police, le site est sécurisé. L’accès au
bâtiment est impossible car il est occupé par un tireur d’élite : le
premier ministre est attendu. Enfin l’accès se libère et j’ai deux heures pour
découvrir la tour et réaliser mes photos.
Michel DAUMERGUE
« 42e rue New York »
Bryant Park, 42e rue New York... Le bus vert passe, suivi du taxi jaune. Il y a un truc à faire : coup de chance, un feu rouge arrête la circulation. Je cours. Batterie faible, très faible. Je déclenche mais mon FujiX20 s'éteint. Aaaargh... Je change la batterie et... Ouf ma photo est là !
Joaquim DA ROCHA
Porto, 5 heures 30 du matin, j'étais allé admirer et photographier le lever du soleil sur le Douro. Après une session intéressante, je retournais dans le centre-ville à la recherche d'un petit déjeuner dans un des nombreux cafés de la ville. Sur mon chemin, cet homme qui lisait son journal au coin de la rue, qui semblait tranquille, en train de profiter des premiers rayons du soleil et du calme de la rue. La perspective de la rue, le contre-jour, les balcons en fer forgé, tout y était.
Michel HANDSCHUMACHER
Déambuler dans
le camp d’internement déserté de Rivesaltes, photographier ces espaces vides
habités du souvenir de tous les exilés qui y ont été enfermés et brusquement
découvrir de manière presque fugitive cette peinture murale d’un enfant à
taille humaine au milieu des décombres…
Quel choc,
pendant une seconde il était vivant !
Christine PREISS
Tadjikistan
2012. Je passe mes vacances dans une vallée du Pamir. Je me laisse porter par
les rencontres, les invitations à boire le thé. Une femme s’en va traire ses
brebis. Je la suis sur le sentier. Des enfants m’accompagnent. Une fillette
s’arrête devant moi, se désaltère au ruisseau. Clic-clac.
Fabrice DANG
Un endroit isolé, rempli d'épaves de bateaux...
telles des squelettes humains...
J'appelais immédiatement un amie-modèle pour me rejoindre
deux jours.
Premier jour : Séance incroyable où tous les clichés furent
réalisés. Deuxième jour : mon amie fut très malade... Un lieu généreux en
beauté mais pour un court instant !
Pascale MILLER
Petit
matin d’été de juillet
6h00
22°
Le modèle
claque des dents et a la chair de poule non par peur du petit singe mais parce
qu’elle a froid.
Et ce n’est pas
une histoire Belge !
Olivier LEGER
Phnom
Penh, Cambodge, riverside, 2013.
Le jour, la
chaleur écrase la ville. Mais le soir, un vent léger se lève et le fleuve
resplendit. Les habitants achètent aux enfants des rues de petits oiseaux
qu’ils relâchent en faisant un vœu. Bien souvent, les oiseaux se posent
quelques mètres plus loin et sont à nouveau capturés.
Philippe GUENIN
« The secret book »
Dans cette photo,
le livre sur la vie du marquis de Sade, que tient entre les mains la jeune
mariée, est bien un livre qui doit être regardé secrètement – ainsi que
l’indique le titre en anglais -, car il contient des passages très hard. Ici, le modèle qui incarne la
mariée feint d’être stupéfaite en lisant un passage sulfureux : « Nous la sortirons du tombeau ; tu me
branleras sur sa délicieuse figure »
Vincent
MULLER
« Excès »
Au détour d’une rue, je remarquai un homme sans vie,
face contre terre. La jeune femme qui l'accompagnait ne semblait ni attristée,
ni paniquée. Les policiers, quant à eux, paraissaient impuissants.
L'indifférence des ces trois personnes m'a interpellée. Sans doute sont-ils
habitués à être témoins de telles situations. Le lendemain, d'autres individus inconscients ont flirté
avec le bitume. C'est chose commune lors des soirées d'excès de cette petite
ville d'Ecosse. Photographie extraite de la série « Excès ». Aberdeen, 16 novembre
2013, 3h31, 2°C. »
Evangelos TSOUKNAKIS
« Un soir paisible »
Mois d’Août 2013, belle et chaude journée.
Envie de faire quelques clichés, je prends mon boitier,
mon trépied.
Je me laisse guider par la petite brise caressante et mon
inspiration dans les dédales de cette jolie ville de Namur.
Je passe devant la gare, y pénètre, monte sur les quais.
Personne, pas une âme, inhabituel en ces lieux généralement frénétiques.
Le ciel rougeoie à l’horizon et un somptueux bleu nuit
s’en empare progressivement… Moment magique, magnifique, sentiment de
plénitude. C’est à cet instant que naquit cette image.
Alain TIGOULET
« Le Crotoy »
La
première fois que j’ai aperçu ce bateau, il était échoué dans le port du
Crotoy…abandonné, malmené par les éléments…lui qui a partagé la vie rude des
pêcheurs était condamné à disparaître, mais grâce à l’intervention de
l’association du Vimeu qui l’a restauré, il est devenu plus qu’une attraction
pour touriste… une mémoire locale de la vie de marin.
Sylvain SESTER
« Pour quelques grammes d'or... »
A
Madagascar, au détour d'un virage, en contrebas d'un pont, une rivière qui
s'écoule dans la pénombre. On arrête la voiture et on rejoint deux familles qui
s'évertuent à fouiller roches et sables à la recherche d'un trésor improbable. Je
reste une bonne partie de l'après-midi avec eux à comprendre leurs conditions
de vie. Les enfants participent à cette recherche d'or et la lassitude se lit
sur les visages. On partage quelques gâteaux, des fruits ; on essaye de jouer
avec les enfants, puis on quitte ces gens ; une sensation d'abandon, un ressenti
étrange, un sentiment de culpabilité nous envahit…